Les troubles alimentaires : La boulimie mentale

La semaine dernière, nous vous avons présenté le premier article de la série sur les troubles alimentaires : Les troubles alimentaires: L’anorexie mentale.

Comme nous l’avons mentionné, la pandémie aura mené à une augmentation fulgurante des demandes d’aide auprès de l’ANEB (Anorexie et Boulimie Québec).  En effet, dans la dernière année, les demandes ont plus que doublé, pour atteindre une augmentation allant jusqu’à 131%.

Plus nous parlerons des troubles alimentaires, plus la société sera conscientisée.  Espérons que cette conscientisation mène à de la réflexion, de la discussion, ainsi qu’à la sensibilisation des adolescentes, des amis (es) et des familles des jeunes filles qui sont touchées par ce trouble alimentaire.

Voici donc le deuxième volet de cette série : la boulimie mentale.  

Définition de la boulimie mentale

La boulimie mentale est un trouble du comportement alimentaire reconnu et répertorié dans le Diagnostic and statistical manual of mental disorders fifth edition (DSM-5), qui définit et catégorise les troubles mentaux. Ce trouble est caractérisé par des crises de frénésie alimentaire suivies de comportements de compensation (voir explications ci-dessous).

Symptômes de la boulimie mentale

Les individus atteints de boulimie mentale présentent des épisodes répétés de frénésie alimentaire où ils consomment de grandes quantités de nourriture. Ces épisodes, qui s’accompagnent d’un sentiment de perte de contrôle, sont souvent provoqués par un stress émotionnel et ont généralement lieu en secret. Les aliments consommés sont généralement riches en matières grasses et en sucres. Les crises sont suivies de comportements de compensation pouvant inclure des vomissements provoqués, l’usage abusif de laxatifs ou de diurétiques, des jeûnes ou des régimes et une activité physique excessive.

La majorité des personnes boulimiques ont un poids normal. Seule une minorité présente une surcharge pondérale ou une obésité. Cependant, les personnes boulimiques sont préoccupées par leur poids et leur silhouette et estiment qu’elles devraient perdre du poids. Contrairement aux personnes anorexiques, les individus atteints de boulimie mentale sont souvent plus conscients de leur état, éprouvent davantage de culpabilité face à leur comportement et sont plus à même de reconnaître leur maladie. La dépression et l’anxiété sont aussi fréquentes chez les personnes souffrant de boulimie mentale.

Au niveau des symptômes physiques de la boulimie mentale, ils sont principalement causés par les comportements compensatoires. Les vomissements auto-induits peuvent entraîner une érosion de l’émail dentaire, un gonflement des glandes salivaires, une inflammation de l’œsophage et des cicatrices au niveau des doigts, utilisés pour induire les vomissements. Les vomissements peuvent aussi causer une diminution du potassium sanguin, ce qui peut affecter le rythme cardiaque.

Diagnostic de la boulimie mentale

Les critères diagnostiques de la boulimie mentale sont les suivants :

  • Des crises de boulimie accompagnées d’un sentiment de perte de contrôle et qui surviennent au moins une fois par semaine sur une période de trois mois.
  • Des comportements de compensation répétitifs et qui visent à prévenir la prise de poids.
  • Une estime de soi principalement basée sur le poids corporel et la silhouette.

Traitement de la boulimie mentale

Le traitement principal de la boulimie mentale est la thérapie cognitive et comportementale. La thérapie peut être individuelle ou de groupe. Les objectifs de la thérapie sont de favoriser le changement, de mettre en place des habitudes alimentaires régulières et flexibles, de diminuer les inquiétudes vis-à-vis du poids et de la silhouette et de prévenir les rechutes. Le traitement peut aussi inclure une psychothérapie interpersonnelle et parfois la prescription d’inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), un type de médicaments antidépresseurs.

Approche nutritionnelle pour la boulimie mentale

Un diététiste peut aussi être impliqué dans le traitement de la boulimie mentale. Il peut contribuer à la mise en place de saines habitudes alimentaires et fournir des recommandations pour maintenir un poids santé de façon appropriée. Similairement à l’approche nutritionnelle pour l’anorexie mentale, le rôle du diététiste dans le traitement de la boulimie mentale implique l’enseignement d’une alimentation normale. Cet enseignement peut inclure les recommandations suivantes :

  • Planifier trois repas réguliers au quotidien.
  • Consommer des portions normales.
  • Élargir le répertoire alimentaire, qui est souvent restreint chez les individus atteints de troubles du comportement alimentaire comme la boulimie mentale.
  • Éviter les aliments minceur ou de régime.
  • Décourager l’adoption du végétarisme ou du véganisme, qui peuvent souvent être utilisés pour camoufler un comportement de compensation (ex. : régime).
  • Éviter de se peser fréquemment. Limiter les pesées à celles effectuées lors des suivis avec les différents professionnels de la santé.
  • Tenir un journal alimentaire.
  • Viser le maintien du poids corporel. Les buts initiaux du traitement sont de faire cesser le comportement boulimique et de maintenir le poids corporel. Au début du traitement, une restriction des apports alimentaires dans le but d’engendrer une perte de poids peut entretenir ou exacerber le comportement boulimique. Il est donc préférable d’attendre après une période de rémission d’au moins six mois avant de viser une perte de poids chez les individus atteints de boulimie mentale qui présentent une surcharge pondérale ou une obésité.

Références

  1. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-psychiatriques/troubles-du-comportement-alimentaire/boulimie
  2. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/boulimie-mentale
  3. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/les-faits-en-bref-troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/boulimie-mentale
  4. https://www.unlockfood.ca/fr/Articles/Adolescence/Quand-la-nourriture-et-le-poids-corporel-prennent-toute-la-place---coup-d%E2%80%99%C5%93il-sur-les-troubles-de-l%E2%80%99alimentation.aspx
  5. Coughlin, Janelle W., et al. Modern Nutrition in Health and Disease, by A. Catharine Ross, Wolters Kluwer/Lippincott Williams & Wilkins, 2014, pp. 1324–1325.

Article rédigé par:

Marie-Noël Marsan, Nutritionniste

 

 

 

AlimentationSanté

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