Les troubles alimentaires : L’hyperphagie boulimique

Dans le cadre de cette trilogie concernant les troubles alimentaires, nous avons abordé l’anorexie mentale (Voir l’article : Les troubles alimentaires: L’anorexie mentale), ainsi que la boulimie mentale (Voir l’article : Les troubles alimentaires : La boulimie mentale).

Le troisième volet de cette série s’intéresse à l’hyperphagie boulimique, un trouble alimentaire moins connu et pourtant plus fréquent. Au Québec, environ 192 000 personnes seraient touchées par l’hyperphagie boulimique. À Montréal, 3,8% de la population souffrirait de ce trouble, contre 1% pour l’anorexie et 2% pour la boulimie.

Ce n’est que récemment, en 2013, que ce trouble a été intégré au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) comme une entité à part entière, ce qui peut sûrement expliquer le fait qu’il soit encore méconnu. 

Voici donc le dernier volet de cette série : l’hyperphagie boulimique.

Définition de l’hyperphagie boulimique

Avec l’anorexie et la boulimie, l’hyperphagie boulimique fait partie des trois principaux troubles du comportement alimentaire reconnus par le DSM-5. Ce trouble touche environ 3,5% des femmes et 2% des hommes. Contrairement à l’anorexie et à la boulimie, la plupart des personnes atteintes d’hyperphagie boulimique sont en surpoids ou obèses. De plus, ces personnes sont généralement plus âgées et sont plus souvent des hommes.

Signes avant-coureurs de l’hyperphagie boulimique

Certains signes pouvant alerter sur la présence de l’hyperphagie boulimique chez un individu incluent :

  • Des changements au niveau du poids corporel
  • Un habillement comprenant plusieurs couches de vêtements ou le port de vêtements visant à camoufler les formes du corps, même lorsque la température ne s’y prête pas
  • Des indices de frénésie alimentaire, tels que la disparition de nourriture ou l'accumulation de nourriture en secret
  • Un sentiment de culpabilité et d’anxiété concernant l’alimentation ou la nourriture

Symptômes de l’hyperphagie boulimique

L’hyperphagie boulimique est caractérisée par des épisodes récurrents d’hyperphagie, où les individus consomment de grandes quantités de nourriture sur une période restreinte. Ces épisodes sont accompagnés d’un sentiment de perte de contrôle. Contrairement aux personnes atteintes de boulimie mentale, les individus souffrant d’hyperphagie boulimique ne présentent pas de comportements de compensation pour éliminer les excès alimentaires, comme l’usage abusif de diurétiques ou de laxatifs, la pratique d’une activité physique intensive ou le jeûne. Les individus atteints d’hyperphagie boulimique peuvent aussi présenter une dépression et être préoccupés par leur poids et leur corps.

Diagnostic de l’hyperphagie boulimique

Les critères pour le diagnostic de l’hyperphagie boulimique incluent :

  • Des crises de boulimie se produisant en moyenne au moins une fois par semaine au cours d’une période de trois mois
  • Un sentiment de perte de contrôle concernant l’alimentation

De plus, au moins trois des critères ci-dessous doivent être présents :

  • Manger plus rapidement que la normale
  • Manger jusqu’à se sentir inconfortablement plein
  • Manger de grandes quantités de nourriture sans ressentir de faim physique
  • Manger seul en raison de la honte associée à la quantité de nourriture consommée
  • Ressentir du dégoût, se sentir coupable ou déprimé après avoir trop mangé

Traitement de l’hyperphagie boulimique

Le traitement principal de l’hyperphagie boulimique est la thérapie cognitive comportementale. Cette thérapie peut contribuer à contrôler les crises d’hyperphagie sur le long terme, mais n’a pas d’effet significatif sur le poids. Le traitement peut parfois inclure une psychothérapie interpersonnelle, ainsi que la prescription de certains médicaments, comme des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou des médicaments visant à induire une perte de poids.

Approche nutritionnelle pour l’hyperphagie boulimique

Un diététiste peut aussi être impliqué dans le traitement de l’hyperphagie boulimique. Comme pour les autres troubles du comportement alimentaire, son rôle est notamment d’enseigner les bases d’une alimentation normale pouvant inclure la planification de trois repas réguliers par jour, la consommation de portions appropriées, etc. Similairement au traitement de la boulimie mentale, le but initial du traitement de l’hyperphagie boulimique est également de maintenir le poids corporel. En effet, il peut être préférable d’attendre que les individus aient normalisé leur comportement alimentaire avant d’entreprendre des stratégies visant la perte de poids afin de ne pas risquer d’exacerber la frénésie alimentaire.

Pour conclure cette trilogie :

Aller demander de l’aide, ou encore prendre conscience d’un trouble alimentaire est souvent très difficile. Selon Dre Mimi Israel, cheffe du département de psychiatrie à l’Institut Douglas et professeure agrégée au Département de psychiatrie de l’Université McGill, on ne peut pas forcer les individus atteints d’un trouble alimentaire à aller chercher de l’aide. Il faut premièrement les aider à reconnaître leur malaise et ce que cela entraîne de négatif (ex. : la fatigue, etc.). Il faut y aller calmement et avec respect, car c’est un processus qui passe par la confiance. Après, on peut les inciter à aller demander de l’aide.

Pour les demandes d’aide :

Un organisme communautaire sans but lucratif, Anorexie et Boulimie Québec (ANEB Québec), apporte de l’aide aux personnes touchées directement ou indirectement par un trouble de l’alimentation.

Références

  1. http://test.opdq.org/reinventez-vos-habitudes-alimentaires/lhyperphagie-boulimique/
  2. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/trouble-hyperphagie-boulimique
  3. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-psychiatriques/troubles-du-comportement-alimentaire/hyperphagie-boulimique
  4. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/les-faits-en-bref-troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/trouble-hyperphagie-boulimique
  5. https://nedic.ca/eating-disorders-treatment/binge-eating-disorder/
  6. https://www.psychiatry.org/patients-families/eating-disorders/what-are-eating-disorders
  7. Coughlin, Janelle W., et al. Modern Nutrition in Health and Disease, by A. Catharine Ross, Wolters Kluwer/Lippincott Williams & Wilkins, 2014, pp. 1324–1325.
  8. https://quebec.huffingtonpost.ca/entry/troubles-alimentaires-demandes-aide-aneb_qc_60185fdac5b63b0fb2836d08

 

Article rédigé par:

Marie-Noël Marsan, Nutritionniste

 

 

AlimentationSanté

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