Vous avez peut-être déjà lu ou entendu que les aliments d’aujourd’hui sont moins nutritifs que ceux d’autrefois. Vous êtes-vous demandé si c’est une rumeur, ou si c’est fondé ? Devons-nous manger plus de fruits, légumes et de grains pour avoir les mêmes nutriments ?
Voici ce qu’en dit la science :
Des études parues au début des années 2000 ont comparé les semences utilisées autrefois avec celles d’aujourd’hui. Ces études rapportent que certains aliments d’aujourd’hui sont effectivement moins nutritifs.
En général, trois hypothèses sont proposées pour expliquer ces différences nutritionnelles :
- l’effet de dilution
- la dégradation des sols
- les changements climatiques.
L’effet de dilution
Les années 1960 ont, avec la révolution verte, mené à des cultivars plus productifs. Bien entendu, cela a permis de nourrir plus de gens sur la planète. Nous demandons ainsi aux sols une augmentation du rendement. Aussi, l’utilisation accrue des engrais chimiques a doublé, sinon décuplé le rendement des fruits, légumes et des grains.
L’effet de dilution désigne donc la différence entre l’augmentation du rendement des aliments et la valeur nutritionnelle de ces aliments, qui ne semble pas avoir observé la même augmentation. Les nutriments se diluent, se partagent, entre les différents plants.
La dégradation des sols
La rapidité de la croissance des plants, appelée la culture intensive, est très demandante pour les sols, avec les nutriments qui en sont soutirés très rapidement. Aussi, la compaction des sols induite par la machinerie agricole contribuent à la dégradation des sols. Or, des sols dégradés ont un impact négatif sur la valeur nutritionnelle des aliments, les plants étant moins capables d’aller puiser les nutriments dans des sols dégradés que des sols en santé.
Les agriculteurs ajoutent donc des engrais chimiques ou naturels pour tenter de rétablir cet équilibre, mais selon Mme Jacynthe Dessureault-Rompré, agronome, il est encore difficile d’avoir un bon synchronisme entre les apports en nutriments donnés aux sols avec les différents fertilisants et les besoins de la culture.
Les changements climatiques
Enfin, l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère accélère la croissance des aliments, ce qui pourrait être en soit une bonne nouvelle, mais qui diminue leur valeur nutritive, car ces derniers absorbent moins de minéraux (ex.: zinc, fer).
On prévoit que si les émissions de gaz à effet de serre continuent à ce rythme, la teneur en fer pourrait diminuer de 10% dans le blé, le riz et le soya. Ce qui est inquiétant, c’est qu’une grande partie de la population mondiale a une alimentation qui repose sur ces aliments. Des carences pourraient être à prévoir.
Situation actuelle et recommandations
Peut-on émettre un lien direct entre la diminution des nutriments dans les aliments et le fait que plusieurs adultes canadiens ont des carences en nutriments tels le magnésium, le calcium, et les vitamines A et D ? Apparemment, pas encore. Les adultes canadiens n’en consommeraient tout simplement pas assez.
Une étude 2017 concède qu’il y a une part de vérité dans l’idée que la teneur en nutriments de certains aliments a diminué.
Toutefois, cette étude soutient que les changements ne sont pas significatifs sur le plan nutritionnel, donc qu’ils ne sont pas susceptibles d’avoir un impact sur la santé nutritionnelle des consommateurs.
L’étude conclut en mentionnant que les faibles diminutions en certains nutriments peuvent facilement être contrecarrées en observant les recommandations du guide alimentaire canadien concernant la consommation de légumes, de fruits et de grains entiers.
Effectivement, seulement 30% de la population canadienne suivraient les recommandations du guide, et consomment 5 à 10 portions de fruits et de légumes par jour.
Perspectives futures
En conclusion, davantage d’études sont nécessaires pour mieux comprendre les causes de ces diminutions de certains nutriments, notamment les changements climatiques et l’agriculture de plus en plus exigeante sur les sols, qui pourraient accentuer ce phénomène dans les années à venir.
Pourrait-on ajouter qu’il est important de prendre soin de notre planète. C’est notre garde-manger. (Voir article: L’alimentation durable, c'est quoi? Et comment s'y prendre?)
Références:
- https://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr-les-aliments-sont-ils-moins-nutritifs-quavant-ce-quil-faut-savoir/
- Marles, R. (2017). Mineral nutrient composition of vegetables, fruits and grains: The context of reports of apparent historical declines, Journal of Food Composition and Analysis, 56, 93-103.
- https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/