Le sujet du microbiome a rarement été aussi populaire, et pour cause!
*Microbiome: mot ‘cute’ pour désigner l’intestin, le lieu de vie du microbiote intestinal, soit l’ensemble des bactéries, microchampignons et autres micro-organismes de l’intestin!
On entend beaucoup plus parler de la santé intestinale et des différents troubles qui l’entourent. Publicité de yogourts avec probiotiques, des céréales avec fibres, de jus «sans gluten» (depuis quand y-a-t-il du gluten dans le jus?), etc…
Justement, le gluten, est-il le coupable? Il est sans contredit sujet à controverses, il a fait, et fait encore, l’objet d’une grosse mode! Le gluten est formé de deux protéines, la prolamine et la glutéine, que nous retrouvons glissées un peu partout, parfois sournoisement, dans notre alimentation. Beaucoup ont adhéré à une diète sans gluten pour essayer, pour suivre le courant. Mais attention! Un régime sans gluten peut d’une part, nuire à un diagnostic, et mener à des carences alimentaires s’il n’est pas suivi par un médecin ou un nutritionniste!
Pour certains, ce régime est cependant essentiel, ils ne peuvent tout simplement pas en manger! Reste à identifier le trouble alimentaire pour lequel ils doivent le suivre… et ça n’est pas toujours de tout repos, les symptômes et les causes sont souvent similaires d’un trouble à un autre.
J’ai fait ici un survol de trois maladies ou colopathies assez fréquentes, pour vous guider un dans vos interrogations.
La maladie cœliaque
Environ 1% de la population serait atteint de la maladie cœliaque. Et 9 personnes sur 10 atteintes ne sauraient pas encore qu’elles en sont atteintes. D’une part, un certain nombre de personnes ne pensent pas devoir consulter leur médecin pour des douleurs abdominales et autres symptômes. Ensuite, environ 75% à 80% des cas seraient asymptomatiques et sont découverts lors d’une quelconque investigation. Mais ne ressentir aucun symptôme ne veut pas dire sans danger! Il s’agit effectivement d’une maladie génétique auto-immune à vie, où le gluten endommage l'intestin grêle et diminue l'absorption de nutriments provenant des aliments. Donc, maladie à investiguer en cas d’évidences de malabsorption, telles l’anémie, l‘ostéoporose et déficience en vitamine D.
Mais encore, pourquoi est-ce si difficile à identifier? Car en fait, les symptômes sont assez communs avec d’autres maladies. Comment faire compliqué quand on peut faire simple… mais dans ce cas, ce n’est pas simple. Enfin pas encore, souhaitons que ça le devienne dans le futur.
En général, les symptômes sont : maux de ventre, être constipé ou avoir la diarrhée, des ballonnements, des nausées et vomissements répétitifs, migraines, anxiété et/ou dépression, carences nutritionnelles, psoriasis, ostéoporose, etc. La liste peut être encore longue, malheureusement.
Pour en faire le diagnostic, il ne suffit pas d’enrayer le gluten tout de suite de l’alimentation. En fait, il ne faut pas arrêter d’en consommer avant l’investigation. Après discussion avec notre médecin, il faut vérifier les marqueurs de la maladie dans le sang. Mais si on n’a pas consommé de gluten avant les prises de sang et ce pendant une période assez longue, s’étendant sur 2 à 3 mois, les marqueurs n’y seront pas. Après la prise de sang, il faut une biopsie intestinale, qui pourra confirmer les lésions intestinales.
Une fois le diagnostic reçu, il n’est pas à prendre à la légère. Le gluten abime la paroi intestinale, et les nutriments de sont plus absorbés adéquatement par le système digestif. De là les complications de carences nutritionnelles et problèmes sous-jacents qui peuvent survenir.
Aucun traitement, aucun vaccin n’est offert encore actuellement sur le marché, malgré que certaines avancées laissent penser qu’un jour un vaccin sera offert, car des chercheurs d’une université Australienne y travaillent depuis une dizaine d’années maintenant. D’ici là, au diagnostic, il est important d’éliminer toute trace de gluten de l’alimentation.
La sensibilité au gluten non cœliaque ou intolérance au gluten
Environ 3 à 6% des gens souffriraient de sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC). Ces chiffres sont controversés, car beaucoup de gens se proclament intolérants sans avoir consulté leur médecin au préalable. La SGNC est en elle-même incomprise et controversée.
Malheureusement, il n’y a pas de marqueur pour l’identifier, la SGNC est diagnostiquée par l’exclusion de la maladie cœliaque ou encore d’une allergie au blé. Elle n’est toutefois pas à prendre à la légère! Les recherches suggèrent certaines conséquences, telles une réaction immunitaire non auto-immune, une flore intestinale perturbée et une perméabilité intestinale accrue. Il faut pousser la réflexion aussi à savoir si cette intolérance au gluten n’est un en fait un syndrome du côlon irritable, car le gluten fait aussi réagir le système digestif des gens aux prises avec cette colopathie.
Les symptômes ressentis de la SGNC sont tous aussi variés et similaires à la maladie cœliaque et au syndrome du côlon irritable: douleurs intestinales et ballonnements, diarrhée ou constipation, douleurs articulaires, eczéma ou éruptions cutanées, anémie, fatigue, maux de tête, dépression, etc.
Aussi, une recherche récente publiée dans la revue scientifique Gastroenterology ouvre la porte à de possibles facteurs aggravants, les fructanes, présents dans beaucoup d’aliments dont le blé, les oignons et l’ail, et les inhibiteurs de l’amylase/trypsine, des protéines qui permettent au blé de se défendre contre les parasites. Les recherches futures seront intéressantes à suivre!
Le syndrome de l'intestin irritable
Le syndrome de l'intestin irritable (SII), anciennement appelé syndrome du côlon irritable (SCI), est, de son côté une colopathie fonctionnelle, non pas une maladie chronique, car le syndrome ne cause pas en lui-même de dommage aux intestins.
On trouve 3 formes du syndrome, distinguées de par les principaux symptômes présents chez les gens:
- Syndrome avec douleur et diarrhée.
- Syndrome avec douleur et constipation.
- Syndrome avec douleur, diarrhée et constipation.
Sous toutes réserves, il y aurait environ 20% de la population qui serait touchée, soit plus de 6 millions de Canadiens. Les symptômes sont variés, et ressemblent malheureusement beaucoup encore une fois à la maladie de cœliaque et à la SGNC. Beaucoup sont reliés à la digestion: des douleurs et des crampes au ventre, qui disparaissent souvent avec l’évacuation de gaz ou de selles, de la constipation ou de la diarrhée, parfois en alternance, des ballonnements et des gaz, une « activité intestinale » bruyante, un besoin parfois urgent d’aller à la selle, une sensation d’évacuation incomplète des selles et du mucus dans les selles. Les gens aux prises avec un syndrome de l'intestin irritable ont eux aussi des symptômes extra-intestinaux, tels que des maux de tête, des nausées, de la fatigue chronique, fibromyalgie, des brûlures d’estomac, une douleur pelvienne chronique, des éruptions cutanées, des maux de dos (bas du dos) et des troubles du sommeil, etc.
Bien entendu, pour l’identifier, une consultation de votre médecin est nécessaire. Il faut tout autant éliminer la maladie cœliaque ou autres maladies comme diagnostics possibles. Un gastroentérologue pourra vérifier, lors d’une colonoscopie, si l’intestin est endommagé ou non.
Les causes sont encore méconnues et vont des changements hormonaux, à un déséquilibre de la flore intestinale, à des mouvements intestinaux plus lents ou plus rapides que la norme, au stress, etc. Les traitements sont aux aussi encore nébuleux. Probiotiques, sport, méditation, hypnose, alimentation sans aliments fermenticibles, etc.
À ce sujet, une autre université Australienne a un département entier qui travaille à déterminer quels aliments peuvent être consommées (le gluten en faisant partie) et en quelle quantité pour en faire diminuer les symptômes. Cette diète les ferait d’ailleurs diminuer chez environ 70% des gens qui l’adoptent! Mais bon, le sujet est vraiment plus complexe que ça et sera à développer dans un futur article, promis!
Consulter une nutritionniste pour aider à entamer une diète appropriée est quasi essentiel pour les gens atteints d’un SII. Ça change une vie!
L’important...
L’important, si vous ressentez des symptômes, serait d’aller consulter son médecin ainsi qu’un gastroentérologue. Et surtout, consulter AVANT d’entamer une diète sans gluten, question d’éviter un faux négatif. Une fois le diagnostic reçu, au moins on sait sur quel pied danser! (euhhh... plus mais pas tout à fait, car un deuxième casse-tête commence… quoi manger maintenant???)
En résumé, il y a encore tellement d’inconnu, il y a actuellement beaucoup de recherches en gastroentérologie partout dans le monde. Ça en prendra encore beaucoup pour mieux apprivoiser notre fameux microbiome... Nous avançons, un pas à la fois.
Références :
- https://www.fqmc.org/
- https://www.quebecscience.qc.ca/sante/quels-sont-les-symptomes-dune-intolerance-au-gluten/
- https://cliniquesmedicaleslacroix.com/fr/difference-entre-intolerance-gluten-maladie-coeliaque/
- https://www.celiac.ca/fr/maladies-induites-par-le-gluten/sensibilite-au-gluten-non-coeliaque/
- Kristin Verbeke, Gastroenterology, Noncoeliac Gluten Sensitivity: What Is the Culprit?, February 2018Volume 154, Issue 3, Pages 471–473
- Skodje, G.I., Sarna, V.K., Minelle, I.H. et al. Fructan, rather than gluten, induces symptoms in patients with self-reported non-celiac gluten sensitivity. Gastroenterology. 2018; 154: 529–539
- https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=syndrome-intestin-irritable-pm-symptomes-du-syndrome-de-l-intestin-irritable
- https://le-quotidien-du-patient.fr/article/demain/medecine/allergies-alimentaires/2018/12/05/vaccin-pour-la-maladie-coeliaque/
- https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-gastro-intestinaux/syndrome-de-l-intestin-irritable/syndrome-de-l-intestin-irritable
Article rédigé par Audrée Hogue