Le syndrome de chasse

Définition

 Le syndrome de chasse est un trouble digestif affectant l’estomac. On parle de "syndrome de chasse" ou de "syndrome de dumping" lorsque la vidange gastrique est trop rapide. Cela signifie que les aliments passent trop rapidement de l’estomac au petit intestin. Le syndrome de chasse peut être précoce ou tardif.

Étiologie

Les causes les plus fréquentes du syndrome de chasse sont les chirurgies gastriques, comme la chirurgie bariatrique. Ces chirurgies visent à retirer l’estomac en entier ou en partie, ce qui accélère le passage de la nourriture vers le petit intestin et mène au syndrome de chasse.

Précoce versus tardif

Le syndrome de chasse peut être précoce ou tardif selon le moment auquel il survient suite aux repas.

Dans le cas du syndrome de chasse précoce, il apparaît entre 15 à 60 minutes après le repas. La vidange des aliments non digérés par l’estomac vers le petit intestin est très rapide. Cela engendre une entrée rapide et importante de liquide provenant du plasma et des tissus voisins dans le petit intestin et déclenche les symptômes du syndrome de chasse précoce.

Dans le cas du syndrome de chasse tardif, il survient entre une à trois heures après le repas et plus particulièrement suite à la consommation de glucides. Similairement au syndrome de chasse précoce, la nourriture non digérée, notamment les glucides, passe rapidement de l’estomac au petit intestin. Ces glucides sont ensuite absorbés rapidement par l’organisme, ce qui augmente le taux de sucre dans le sang. En réponse à cette augmentation, le pancréas produit une quantité importante d’insuline. Cela entraîne une diminution rapide du taux de sucre dans le sang, une hypoglycémie, et déclenche les symptômes du syndrome de chasse tardif.

Symptômes

Les symptômes du syndrome de chasse varient en fonction de sa nature précoce ou tardive.

S’il est précoce, les symptômes gastro-intestinaux peuvent être une sensation de plénitude, une diarrhée, des borborygmes (gargouillements), des douleurs abdominales (ex. : crampes), des ballonnements, des nausées et des vomissements. Les symptômes peuvent aussi comprendre une fatigue, un besoin de s’étendre suite aux repas, des palpitations, une sudation (transpiration), une tachycardie (un cœur qui bat trop vite), une hypotension et une perte de connaissance (syncope).

S’il est tardif, les symptômes peuvent inclure la fatigue, la faiblesse, la faim, la confusion, la perte de connaissance, la sudation, les palpitations, le tremblement et l’irritabilité.

Enfin, les symptômes du syndrome de chasse peuvent également varier en fonction de la nature des aliments consommés. Par exemple, les symptômes peuvent être exacerbés suite à l’ingestion d’un repas riche en glucides.

Diagnostic

Votre médecin étudiera vos antécédents médicaux et vos chirurgies récentes et vous posera des questions sur vos symptômes. Il pourra vous faire passer un des nombreux tests existants pour faire un diagnostic le plus précis possible.

  • L’épreuve de charge en glucose détermine si le corps répond de façon normale au glucose.  Une solution sucrée (glucose) doit être bue. Une heure plus tard, un technicien en santé mesure les taux de sucre sanguin.
  • Une scintigraphie de vidange gastrique permet de mesurer la vitesse à laquelle les aliments sont digérés.  Une quantité minuscule d’une substance radioactive doit être consommée en même temps qu’un petit repas. La vitesse à laquelle les aliments circulent dans l'appareil digestif peut être suivie en utilisant une caméra à certains intervalles pour déterminer où se trouvent les aliments radioactifs. Si la vidange se produit trop rapidement, cela pourrait signaler la présence du syndrome de chasse.
  • Un transit œso-gastro-duodénal (TOGD) est en fait la consommation d’une boisson au baryum devant un appareil de radiographie. Le baryum est un liquide crayeux qui apparaît sur la radiographie.  
  • La gastroscopie est l’utilisation d’un petit tube flexible muni d’une caméra et d’une lumière (endoscope) pour examiner la partie supérieure de l’appareil digestif, notamment l’œsophage, l’estomac et le duodénum.

Traitement

Le traitement du syndrome de chasse débute par l’adoption de certaines modifications alimentaires. Elles permettent souvent de réduire les symptômes pendant la période de guérison suivant la chirurgie. Parfois, la prise de médicaments peut aussi être nécessaire pour ralentir la vidange gastrique (ex. : ocréotide) ou pour réduire l’absorption des glucides (ex. : acarbose). Enfin, si le syndrome de chasse persiste malgré les changements alimentaires et la prise de médicaments, une chirurgie peut être nécessaire.

Modifications alimentaires

Au niveau nutritionnel, les modifications visent à assurer une alimentation adéquate, à prévenir ou à corriger les carences nutritionnelles, à réduire les symptômes gastro-intestinaux, à limiter la perte de poids et à favoriser le rétablissement des individus ayant subi une chirurgie gastrique. Les modifications alimentaires qui sont généralement recommandées pour le syndrome de chasse incluent :

  • Prendre de petits repas fréquents tout au long de la journée (6 ou plus). Cela permet de diminuer le volume d’aliments déversés dans le petit intestin et le risque de déclencher les symptômes du syndrome.
  • Boire les liquides au moins 30 à 60 minutes avant ou après les repas, car ils sont vidangés plus rapidement que les solides. Cela permet aussi de réduire le volume dans l’estomac et le risque de déclencher les symptômes du syndrome.
  • S’assurer d’avoir une hydratation adéquate au quotidien en buvant suffisamment de liquide entre les repas.
  • Manger lentement et bien mastiquer les aliments.
  • Éviter les aliments trop chauds ou trop froids.
  • Utiliser des assaisonnements et des épices en fonction de la tolérance individuelle.
  • Éviter les boissons alcoolisées.
  • Favoriser les glucides complexes (ex. : grains entiers, légumes, légumineuses, etc.) aux glucides simples (ex. : sucre, lactose, jus, boissons sucrées, etc.).
  • Éviter ou limiter le lactose, un glucide simple qui est souvent mal toléré (ex. : lait).
  • Favoriser les fibres, car elles ralentissent la vidange gastrique et modèrent l’absorption des glucides.
  • Adopter une alimentation plus élevée ou moins élevée en lipides en fonction de la présence ou de l’absence de stéatorrhée.
  • Consommer un aliment protéiné à chaque repas (ex. : œufs, viande, poisson, fromage, tofu, etc.).
  • S’étendre 30 minutes après les repas pour ralentir la vidange gastrique.
  • Prendre des suppléments nutritionnels si nécessaire (ex. : fer, vitamine B12, calcium, etc.) et s’assurer qu’ils sont faibles en glucides et sans lactose. En effet, le syndrome de chasse et les chirurgies gastriques peuvent diminuer l’absorption de certains nutriments.
  • Utiliser des suppléments alimentaires de fibres, comme la gomme de guar, la pectine et le glucomannane. Les suppléments alimentaires de fibres permettent d’augmenter la viscosité des aliments, ce qui favorise le ralentissement de la vidange gastrique. De plus, comme les fibres utilisent l’eau pour favoriser la formation des selles, il est important d’avoir une hydratation adéquate avec la prise de ces suppléments alimentaires.

Enfin, comme pour toutes les recommandations nutritionnelles, celles pour le syndrome de chasse doivent également être adaptées aux symptômes et aux besoins uniques de chaque individu. La personnalisation de l’alimentation est indispensable au développement d’une approche nutritionnelle efficace.

 

Références

  1. Bouthillier, Lise. Janvier 2019. «Maladies du tube digestif». NUT 2047 – Nutrition clinique 2. Montréal : Université de Montréal.
  2. https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/diagnosis-and-treatment/managing-side-effects/dumping-syndrome/?region=qc#:~:text=Le%20syndrome%20de%20chasse%20est,parler%20de%20vidange%20gastrique%20rapide
  3. https://badgut.org/centre-information/sujets-de-a-a-z/syndrome-de-chasse/?lang=fr
  4. https://badgut.org/centre-information/sujets-de-a-a-z/syndrome-de-chasse/?lang=fr

 

 

Maladies digestives

Laisser un commentaire

Tous les commentaires sont modérés avant d'être publiés